Durant tout le XXe siècle le son et l’image en mouvement, de par les moyens technologiques d’enregistrement et de montage (Pozner, 2009), ont vu leurs productions se rapprocher jusqu’à se confondre en productions instituées (Rogers, 2011) : le cinéma (Chion, 2000), le clip musical (Gaudin, 2018) ou l’art vidéomusical émergent (Piché, 2003).

Or, si les analyses de chacun des deux médias existent en grand nombre - analyses physiques du signal sonore ou lumineux, et analyses des œuvres musicales ou plasticiennes – peu d’études sont consacrées à l’analyse de la relation complexe que construisent les deux médias (Debaise, 2004), de leur interaction (Dallaire, 2012), du point de vue de la perception (Aramaki, 2017), phénoménologique (Cesaro, 2013) ou sémantique de l’audio-spectateur (Stranska et Zénouda, 2015 ; Adjiman, 2015). Dans cette problématique de la perception de l’interaction Image-Son-Musique, l’unité de recherche UR 3273 PsyCLÉ, qui regroupe des chercheurs et des enseignants-chercheurs dans les domaines des activités contextualisées et de l’ergonomie, apporte son expertise sur la relation entre le dispositif numériques et l’audio- spectateur.

Si dans le champ de la pédagogie de l’éducation musicale par le numérique, il existe de nombreuses propositions permettant de former l’élève à la reconnaissance des instruments, des genres, styles et formes musicaux par la perception (Plantevin, 2018 ; Numérique et éducation musicale, 2017), d’une part, aucune n’a donné lieu à une étude sur leur portée dans l’acquisition d’un esprit critique sur la perception audio-visuelle des élèves, et d’autre part, aucune ne s’intéresse au processus du développement de l’esprit critique des élèves dans le domaine de l’audio-visuel. Qu’il s‘agisse de la reconnaissance de timbres instrumentaux, de mélodie, de formes ou de genres musicaux (cf. Symphozic, etc.), de décrire le discours musical par la réalisation d’un musicogramme (cf. IAnalyse, Couprie, 2020), ou de travailler sur les paramètres du son (cf. Acousmographe, GRM) ou des modalités de montages audio, peu de tâches portent sur l’éducation de l’élève à développer son esprit critique sur les informations audio-visuelles qu’il perçoit. Les seules études, à ce jour, semblant portées sur l’acquisition des processus audio et visuel des élèves sont fondées une recherche participative réalisée en 2010 (Terrien, 2010, 2018), et les articles sur l’enseignement musical et le numérique (Terrien & Deveney, 2018). Croisant les approches méthodologiques (notamment didactique, ergonomique et poïétique) pour analyser les situations d’enseignement-apprentissage et/ou de formation, le laboratoire ADEF, apportera son expertise.

Objectifs

La première phase du projet vise à valider les premiers travaux sur les Profils Temporels Perçus (Moreau, 2018) et de développer une étude sur les compagnons numériques éducatifs (cf. Jules, CNED) afin d’envisager la conception d’une version βêta sur smartphone pour l’étude des perceptions audio-visuelles des élèves de collège.

La deuxième phase du projet s’appuie sur les résultats de cette étude pour obtenir un financement ANR permettant de prolonger la recherche sur les processus du développement de l’esprit critique (savoir fondamental) dans le champ de la perception audio-visuelle et de réaliser la version βêta sur smartphone.

Le but de cette interface est d’aider l’enfant à affiner sa perception de la relation interdiscursive dans les œuvres audio-visuelles auxquelles il est confronté (films documentaires ou fictionnels, encarts publicitaires...) afin de développer ses capacités de raisonnement critique dans sa relation à l’audio-visuel. Il s’agit d’élargir les capacités de raisonnement de l’enfant en développant ses compétences à saisir l’interdiscursivité audio-visuelle.

Adossé aux résultats des recherches menées au laboratoire Musique et Informatique de Marseille (MIM, 1996) sur la sémiose temporelle émergente dans les œuvres musicales sous la forme d’Unités Sémiotiques Temporelles (UST) (Frey et al., 2009) puis dans les œuvres audio- visuelles vidéomusicales sous la forme de Profils Temporels Perçus (Moreau, 2018), nous posons comme hypothèses, en corrélation avec les recherches en didactique de l’enseignement musicale (Zenatti, 1969 ; Francès, 1984 ; Ribière-Raverlat, 1997 ; Kokotsaki et Hallam, 2007 ; Terrien, 2006, 2010, 2018 ; Monach, 2018), que les élèves possèdent les capacités leur permettant de :

a) percevoir des profils dynamiques (Stern, 2010) ;

b) distinguer des catégories communes aux deux médias, construites suivant l’analogie des comportements perçus (Moreau, 2018) ;

c) faire la synthèse des différents comportements des médias, sonore et visuel, par métaphorisation (Ricœur, 1975) (Gadamer, 1996).

Partenaires scientifiques

  • Laboratoires ADEF et PsyCLÉ d’Aix-Marseille Université́
  • RASM-CHCSC de l’Université Paris-Saclay
  • Structure Fédérative d’Études et de Recherches en Éducation de Provence (SFERE  FED 4238)
  • Laboratoire Musique et Informatique de Marseille (MIM)
  • Laboratoire d’Intelligence Collective et Artificielle (LICA)