08
juin
2023
Séminaire nomade de la Graduate School
Le laboratoire RASM-CHCSC vous invite au prochain séminaire nomade de la Graduate School Humanités - Sciences du Patrimoine de l'Université Paris-Saclay, intitulé :
"Le patrimoine de qui ? Appropriations culturelles, propriété et identités collectives. Approches comparées".
Pour la bonne organisation de cette séance, l'inscription est obligatoire :
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Programme à télécharger
10h - Appropriations et réappropriations : approches anthropologiques
Benoît de l'Estoile (CNRS, Centre Maurice Halbwachs)
Je m’interrogerai sur les façons d’aborder en anthropologue les processus d’appropriation et de réappropriation en m’appuyant sur deux situations. 1. Celle des « objets des Autres » appropriés de diverses manières dans des contextes coloniaux et post-coloniaux, et constitués à la fois en « patrimoine national » (dans les collections de musée) et « patrimoine de l’humanité », mais aussi plus récemment objets de revendication formulées en termes par exemple de « restitution du patrimoine africain » ; 2 Les enjeux et tensions au Brésil autour de diverses pratiques culturelles, telles que samba (musique et danse) dans ses diverses déclinaisons, lues depuis les années 1930 comme propres à la « culture populaire brésilienne » vue comme résultat du métissage et donc comme « patrimoine national », aujourd’hui revendiquées par certains comme étant un patrimoine propre aux afro-descendants. Ces situations conduisent à explorer la diversité des formes d’appropriation et réappropriation.
Répondante : Anaïs Fléchet
11h15 – Les phénomènes de pertes associés à la patrimonialisation de luths acquis en Afrique de l’Ouest pour le musée d’ethnographie du Trocadéro et le musée de l’Homme (1878 – 1951)
Ariane Theveniaud (Université Paris-Saclay)
Entre 1878 et 1951, une cinquantaine de luths à pique intérieure provenant de différentes régions d’Afrique de l’Ouest sont acquis par le musée d’ethnographie du Trocadéro puis par le musée de l’Homme. Considérés comme les témoins d’une forme « primitive » de cette typologie instrumentale, leur étude devait permettre d’en retracer l’histoire et l’évolution organologique. Depuis leur acquisition, ces instruments de musique sont donc conservés, étudiés et exposés par le personnel de ce musée parisien dans un contexte institutionnel déconnecté de leur contexte d’usage initial. La prise en charge matérielle de ces objets au sein du musée marque ainsi un tournant majeur dans leur trajectoire. D’objets d’usage, ces instruments deviennent objets d’étude et d’exposition. Cette communication se propose d’interroger les processus d’appropriation en jeu lors de la patrimonialisation de ces instruments de musique et plus spécifiquement les phénomènes de pertes engendrés par le contexte muséal. Les regards portés sur ces luths acquis en contexte colonial se traduisent-ils matériellement lors de leur conservation et de leur restauration ? Si nous constatons effectivement un manque de documentation important, près d’un quart du corpus ayant perdu son numéro d’inventaire, des modifications matérielles dues à des interventions de restauration sont également observées. Cette présentation s’intéressera donc à retracer le parcours institutionnel de ces luths en identifiant les pertes associées à leur processus de patrimonialisation.
Répondante : Clara Bouveresse
12h30 - Déjeuner
14h30 - Appropriation culturelle, appropriation artistique et propriété intellectuelle
Valérie-Laure Benabou (Université Paris-Saclay-UVSQ)
Quelle est l’influence du droit de la propriété intellectuelle sur les mécanismes d’appropriation culturelle ou artistique ? Permettent-ils de tels phénomènes ou constituent-ils, au contraire, des remparts contre des formes de captation de certaines expressions ? Le caractère individualiste et l’origine occidentale de ces prérogatives sont-ils adaptés à la revendication collective sur des productions qui ne répondent pas aux canons de la propriété intellectuelle ? Les systèmes d’attribution qui s’opèrent en amont de la reconnaissance des droits exclusifs ne devraient-ils pas être repensés pour sortir d’une bijection réductrice (auteur/non auteur) ?
Répondant(e) : Marie Cornu
15h45 - Appropriations françaises du jazz et du chaâbi algérien : une approche historique, musicologie et autoethnographique
Martin Guerpin (Université Paris-Saclay)
Cette intervention expérimentera une approche autoethnographique du travail d’un groupe basé en France (Azawan) qui fait se rencontrer le jazz et le chaâbi algérien (une tradition musicale dotée d’une forte dimension patrimoniale, et investie du statut de musique nationale). Ce groupe rassemble deux musiciens algériens de chaâbi et trois musiciens de jazz français et autrichien. L’étude de la pratique concrète et quotidienne (durant des répétitions, des concerts, mais aussi des activités de médiation musicale, tous documentés et enregistrés) de cette forme d’appropriation met en jeu des questions qu’une réflexion théorique ou extérieure ne permettrait pas d’identifier ou seulement de façon marginale.
Une première série de question concerne les pratiques proprement musicales : à quelles conditions le résultat de l’appropriation du chaâbi par des musiciens de jazz peut-il être accepté comme une évolution du chaâbi (et non comme une autre musique qui s’en inspirerait mais n’en relèverait pas) par les musiciens et les membres du groupe originellement associé à cette musique ?
La seconde série de questions relève de l’éthique : dans quelle mesure la reconnaissance de cette appropriation par des musiciens de chaâbi algérien est-elle nécessaire ou souhaitable ? Et comment cette reconnaissance (en tant que musique relevant du patrimoine chaâbi) exerce-t-elle une influence directe sur le travail et les choix stylistiques du groupe Azawan ?
Répondant : Philippe Gumplowicz
17h : discussion, synthèse et clôture de la journée
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